Cela faisait maintenant une semaine que Peter était revenu de Londres et il était encore sous le choc d’avoir revu – enfin plutôt aperçu – son ex-petite-amie, Anya. Malgré le fait qu’elle était devenue une adulte, elle était encore belle. La seconde fille qui avait énormément compté pour lui. En parlant de fille qui avait compté pour lui, il avait également revue Wendy. Ou était-ce alors une fille qui lui ressemblait comme deux gouttes d’eau ! Pourtant, l’adolescent était persuadé qu’il s’agissait de Wendy. Peut-être s’était-elle réincarnée ? Il avait entendu tellement de chose là-dessus quand il vivait à Londres qu’il s’était mis à y croire. Ça devait être elle et pas autrement et cette fois-ci, il ne la laissera pas partir. Il ne la laissera plus partir.
Il s’allongea sur une branche d’arbre et se mit à jouer un peu de sa flûte dont le pouvoir pouvait envoûter n’importe ou juste ceux que le jeune homme désirait envoûter, comme des enfants se sentant abandonnés par leur famille. Lorsqu’il était pris d’un sentiment de nostalgie, il s’isolait pour se retrouver avec lui-même. Il ne s’était pas trop éloigné du camp des Enfants Perdus mais juste assez pour ne pas être embêter. Il n’avait pas dit où il allait, que ce soit à Felix ou à Cora, ses deux seconds. Ce n’était pas une mauvaise idée d’avoir finalement accepté les filles car avoir un second « garçon » et un second « fille » lui permettait d’avoir un œil sur chaque groupe. Le groupe des garçons était sous la responsabilité de Felix tandis que celui des filles était sous celle de Cora. De plus, ces deux-là faisaient beaucoup rire Peter. Ils arrêtaient pas de se chamailler pour des bêtises ou flirter l’un avec l’autre sans aller plus loin. Personne ne voyait leur manège ! Personne sauf Peter ! Il avait bien compris que Felix et Cora se plaisaient l’un à l’autre mais ils étaient tellement têtus qu’aucun des deux ne ferait le premier pas ! Un sourire malicieux apparut sur les lèvres de l’éternel garçon. Et si il leur donnait un petit coup de pouce ? Avec sa mésaventure à Londres, il avait appris comment les filles, quel que soit les époques, les filles n’étaient pas si difficiles que ça à séduire. Il fallait juste trouver le bon truc pour les faire tomber dans les bras d’un garçon. Tout à coup, il entendit un bruit. Qui ça pouvait être ? Au loin, on entendait le son de la musique du camp des Enfants Perdus.

Un second bruit attira l’attention de Peter, le faisant sortir de ses pensées. En baissant la tête, il aperçut une silhouette par terre, le pied pris par une racine et ce qui était étrange, c’étaient les fougères gelées autour de cet inconnu. Il est vrai que le garçon perdu avait senti l’arrivée de quelque chose mais il ne s’était pas pressé d’aller voir, pensant plus à un objet qu’à une personne venant tout juste de tomber sur son ile. Intrigué, il l’observa un instant. C’était un jeune homme, surement un jeune adulte dans la vingtaine. Bizarre qu’il n’ait pas ressenti ça car Peter pouvait savoir quand on entrait ou quittait Neverland ! Que ce soit par la mer, le ciel ou encore le passage qu’il avait créé douze ans plus tôt et dont il s’en servait régulièrement, seul ou accompagné par Tinkerbell.

- Et toi ?
Il descendit ensuite en s’élevant dans les airs avant de poser pied sur le sol avec délicatesse. Voyant la racine, il la retira d’un geste de la main. Depuis l’arrivée d’Isabella, cet étranger le premier en … En combien déjà ? Bref ! Il était le premier à être arrivé sur l’ile depuis la pirate ! Peter devait-il se méfier de lui ? C’était un adulte mais quelque chose en l’adolescent lui dit de lui laisser pour le moment le bénéfice du doute. Il verra bien plus tard s’il devait s’en méfier ou non.

- Qui es-tu et comment t’es-tu retrouvé là ? Il n’est pas très prudent de se promener dans la jungle quand on ne la connait pas et encore moins la nuit ! Tu as de la chance à ce que les pirates soient entrain de faire la fête sur leur navire !

Il lui tendit la main pour l’aider à se relever, plus par politesse que pour vraiment l’aider. Il voulait voir à qui il avait affaire. Peut-être pourrait-il faire un très bon allié mais vu la tête que l’inconnu faisait, il ne devait pas être de bonne humeur. Et puis, c’était quoi tout ce gel autour de lui ? Peter se concentra et il sentit une certaine magie en l’étranger.

Lui tendit la main, Peter vit l’inconnu la saisir mais l’éternel adolescent sentit que la peau du blondinet était froide, voir glaciale. Il l’aida donc à se relever rapidement mais cette sensation de glace l’intrigua. Qui était-il ? L’étranger lui parut à présent comme surexcité, comme un gamin qui allait ouvrir ses cadeaux de noël. Ah noël ! Douze ans qu’il ne le fêtait plus ! Il avait juste pu y goûter pendant trois ans ! Trois petites années avant que la mémoire lui revienne et qu’il retourne à Neverland en compagnie de Tinkerbell.

Jack : « Tu me vois là? Tu peux vraiment me voir? »
- Ben oui !

Peter fronça les sourcils, ne comprenant pas du tout pourquoi. L’inconnu lui raconta que pendant prés de huit siécles, il jouait à Casper. Heureusement pour lui, Peter savait qui était Casper mais s’il était venu une douzaine d’année plus tôt, il l’aurait trouvé encore plus bizarre ! Puis, il dit s’appeler Jack Frost et que c’était en volant qu’il était arrivé à Neverland. Jack Frost ? Ce nom n’était pas inconnu à l’éternel garçon. Il regarda encore là où se trouvait quelques minutes auparavant et puis fit le rapprochement. Mais oui ! Jack Frost ! L’esprit de l’hiver et l’une des cinq légendes ! Un jour, Peter était allé chez une fille qu’il avait draguée comme ça et ils avaient regardé le film « Les 5 légendes ». Jack en était le héros ! Un sourire s’afficha sur le visage de Peter. S’il venait du monde réel, il allait être encore plus surpris et l’adolescent imaginait déjà sa tête !

- Ah le fameux Jack Frost ! J’ai beaucoup entendu parlé de toi ! Oh mais je ne me suis pas présenté : Peter. Peter Pan et bienvenue à Neverland !

Cela faisait tout le temps un choc quand une personne qui avait lu les livres de Sire Barrie rencontrait Peter mais il s’y était habitué à la longue. Lorsqu’il avait lu le livre, il avait déjà perdu la mémoire mais par chance, il avait pu garder son livre. Un livre que lui avait offert Anya parce qu’il lui avait dit qu’il n’avait jamais lu « Peter Pan ». Il avait été déçu de voir que l’on avait fait de Hook et lui des ennemis alors que ce n’était pas du tout le cas !

Jack : « Je comprend mieux pour les pirates. La dernière fois que j'en ai aperçu c'était ... enfin, ce n'était pas à cette époque. Je n'aurais jamais cru que cet endroit existe réellement. »
- Il ne faut pas tout croire ce qui est écrit dans les livres ! Il y a un quart de vérité et trois quart de conneries !

Il n’avait pas tort. Les trois quart de l’œuvre de Barrie n’étaient que pure fiction, issue de l’imagination d’un adulte qui n’avait pas voulu montrer le vrai visage d’un « héros ». Il avait gardé quelques traits comme l’arrogance et le côté prétentieux de Peter mais il l’avait un peu radoucit en le faisant moins cruel. Mais quelle idée de faire de Hook son ennemi juré ? Le seul pirate que l’adolescent considérait comme son ennemi juré était en fait une femme qui était responsable de la disparition de Hook et de Peter avant qu’il ne retrouve la mémoire et revienne à Neverland pour mieux se venger. D’ailleurs, en parlant de vengeance, il s’amusait bien à en faire voir de toutes les couleurs à Esteban, le fils de son ennemie. Elle avait voulu l’espionner et manque de bol, il avait découvert le pot au rose. Cependant, il avait trouvé en cela un jeu …. Fort intéressant ! Il n’y avait que Felix, Cora et lui qui étaient au courant de la véritable identité d’Esteban. Ce dernier pensait les espionner pour sa mère alors qu’en fait, ils se servaient de lui pour lui donner les mauvaises informations.  Isabella s’était moquée de lui, elle allait devoir subir les conséquences. Peter connaissait son point faible et il s’en servait avec brio !


[Reportant son attention sur le nouveau venu, l’éternel garçon eut l’impression de voir un autre éternel adolescent que plutôt un adulte. Ou alors, un adulte ayant gardé son âme d’enfant, ce qui était plus rare mais après tout, les mentalités avaient changé. Même Peter avait changé et sans s’en rendre compte. Après avoir passé trois ans dans la peau d’un adolescent ordinaire, il avait attrapé le langage actuel des jeunes de maintenant.

- Je suppose que tu as du voyager un peu partout dans le monde ! Raconte un peu !

Tout ce qu’il connaissait, c’était Londres et Neverland ! Il n’avait jamais été plus loin que ces deux lieux !

Peter lui avait demandé de lui raconter les voyages que Jack avait du faire, contrairement au garçon perdu qui ne connaissait que Neverland et Londres. L’esprit de l’hiver n’hésita pas un instant à tout lui raconter, du moins ce dont il s’en souvenait car en huit cents ans, il avait tellement vécu des choses à travers le monde. Un peu comme Peter à Neverland bien que le jeune homme se souvenait encore de sa vie avant le Pays Imaginaire, chose qu’il aurait bien aimée oublier pour toujours mais cela restait là, quelque part dans le fond de son esprit et il tentait tant que possible à garder le tiroir fermé à clés ! Il n’y a qu’une seule fois où il avait rouvert ce tiroir : quand il était avec Anya. Elle lui avait demandé de lui parler de sa famille et le souvenir de son père, lâche en plus d’être violant avec lui lorsqu’il était ivre lui était revenu ce jour-là. Une blessure qu’il pensait cicatrisée mais qui ne le serait sans doute jamais !


Jack lui raconta qu’il avait par exemple transformé la muraille de chine en patinoire pour y patiner justement. Cela eut pour effet de faire rire l’éternel adolescent. Les Chinois n’ont pas du trop apprécié mais cela devait être marrant à voir ! De nos jours, si Jack refaisait ça, il risquerait d’ameuter les journalises et les petits curieux qui chercheraient à trouver une explication rationnelle ! Et la presse ne se gênerait pas pour mettre son nez où elle ne devait pas !

Jack : « Ça fait du bien de voir quelque chose de nouveau. »
- Si tu le souhaites, je t’en ferai la visite demain matin mais là, pour l’heure, il est tard et ce soir, tu es mon invité !

Il était rare que Peter se comporte ainsi avec un adulte mais Jack n’était pas un adulte ordinaire. C’était un adolescent dans le corps d’un adulte. Du moins, il le voyait ainsi !